Quand vous prenez le bus, que vous vous rendez au
Pôle culturel ou à la plateforme sociale, quand vous
ouvrez votre porte à l’aide soignante
ou lorsque vous dégustez un plateau repas livré à
domicile… vous utilisez un service du Marsan
Agglomération. Mais comment sont financés ces services.
Immersion dans les grandes orientations budgétaires de
l’agglomération avec le vice-président chargé
des finances, Pierre Mallet.
Quelles sont les grandes caractéristiques de ce
budget ?
La première, c’est qu’on a essayé de le
monter une nouvelle fois sans augmenter la pression fiscale sur les
habitants du Marsan. Ce malgré les nouvelles prises de
compétence (la dernière étant le tourisme) et la
montée en charge du fonctionnement de
l’agglomération, en particulier avec les nouveaux
équipements (Pôle culturel, Médiathèque). Tout
le monde ne fait pas ce choix politique là, surtout dans le
contexte actuel. Mais c’est précisément parce que
la situation est difficile pour tout le monde, donc pour les
ménages et les entreprises qu’il n’était pas
question d’augmenter les taxes d’habitation, les taxes
foncières ou celles directement tournées vers les
entreprises. La seconde caractéristique, c’est que si on
y est arrivé, c’est d’abord en suivant de
très près les dépenses de fonctionnement et en
consentant d’importants efforts de gestion. Ce qui nous
permet malgré tout de continuer à dégager de
l’autofinancement et de poursuivre en 2012 la politique
d’investissements que cet exécutif a lancée depuis
deux ans. Donc, malgré la conjoncture, ce budget reste
ambitieux. Ambitieux et responsable.
Qu’entendez-vous par responsable ?
Qu’il est sincère en fonctionnement et que les
dépenses d’investissement que nous prévoyons ne
seront effectivement engagées - comme s’y est
engagée la présidente dès le Débat
d’orientation budgétaire en début
d’année - seulement lorsque les financements des projets
seront actés. Pas question d’arrêter notre
politique d’investissement, mais pas question de partir non
plus à l’aventure.
Vous faites référence aux difficultés
actuelles pour les collectivités à lever l’emprunt.
Décrivez- nous un peu l’impact de cette conjoncture
?
Avant cela, il faut aussi préciser une chose : comme la
plupart des collectivités, il nous a fallu construire le
budget sans connaître les notifications de toutes les
dotations de l’Etat - 92% de nos recettes sont
constituées des impositions, directes et indirectes, et des
dotations de l’Etat -, ce qui ne facilite pas la
prévision. Je suis comme tout le monde : avant de
dépenser, j’aime bien savoir combien je vais gagner !
Ensuite, c’est vrai, les collectivités, comme
d’ailleurs les entreprises ou les particuliers, sont
confrontées à une certaine frilosité des
établissements bancaires.
Pourquoi ?
Les nouvelles règles bancaires leur imposent d’avoir
des fonds propres en pourcentage correspondant à leurs
enveloppes de prêts. Et comme les collectivités
n’ont bien souvent pas de comptes bancaires dans les banques
privées, et n’ont quasiment pas d’opportunité
de placer, elles ne participent pas à alimenter ces fonds
propres. C’est une situation à la fois contradictoire et
dangereuse. Contradictoire parce que les collectivités sont
généralement bien gérées et, contrairement
à l’Etat, elles sont dans l’obligation
d’avoir des budgets équilibrés. Dangereuse parce
que près de 75% de la commande publique provient des
collectivités locales et que des pans entiers de
l’économie, notamment le BTP mais pas seulement,
dépendent de leurs investissements. Or, plus que jamais, les
collectivités doivent avoir aussi le souci de soutenir
l’activité. Et donc l’emploi.
Restez-vous optimiste ?
Oui. Certes, il y a encore quelques mois, les collectivités
avaient beaucoup plus de facilités à emprunter car le
marché bancaire était suffisamment porteur pour que les
banques consentent une partie de leurs activités aux
collectivités. Et puis, il y avait aussi Dexia, un
établissement spécialisé dans le financement public.
On sait ce qu’il en est advenu… En attendant
qu’une nouvelle banque de financement du secteur public voit
le jour, autour semble-t il de la Banque Postale et de la Caisse
des Dépôts et Consignations, il y a des moyens de
convaincre. Mais il faut être opiniâtre : si des banques
jouent le jeu, d’autres rechignent et d’autres encore
profitent un peu de la situation…
Quelles sont les principales orientations de ce budget
2012 ?
Les axes forts d’investissements de ce budget sont
naturellement dirigés vers les grandes compétences de
notre agglomération. Le développement et
l’attractivité du territoire passent par plusieurs
projets structurants permettant l’amélioration des
déplacements : le lancement du pôle d’échanges
multimodal (2,3M€), la participation au financement de la LGV
SEA Tours Bordeaux (2,1M€), la deuxième phase de
l’entrée ouest de l’agglomération, la
première de l’aménagement du boulevard Nord etc. En
ce qui concerne l’aménagement, nous poursuivrons notre
effort sur les voiries communautaires avec un programme
général de près de 7 M€, et la
déclinaison de travaux d’accessibilité dans le
cadre du Plan Global de Déplacement. Mais aussi le programme
annuel d’aménagement d’un centre bourg rural -
après Bostens et Gaillères, ce sera le tour de Benquet -,
et la suite du programme Rivières dans la ville à Mont de
Marsan. Le développement économique est également un
axe majeur de notre action. Mais, pour bien lire cette action, il
faut examiner et les actions d’investissement du budget
principal, et celles du budget annexe des zones artisanales (voir
infographie). Il s’agit pour l’essentiel
d’acquisitions foncières, d’études
(conclusion du Schéma de développement commercial,
travail avec la CCI des Landes sur le développement
d’activités logistiques au Caloy) ; on peut ajouter
aussi à ce volet le gros effort fait cette année en
matière touristique, notamment avec le nouvel office de
tourisme communautaire à la Minoterie. Autre point crucial :
la politique de l’habitat. Le Marsan Agglomération a
lancé deux programmes importants pour la réhabilitation
de logements, anciens et neufs. Cette politique volontariste
d’accompagnement financier vaut tant dans les villes que dans
les villages, pour des logements sociaux ou pas.
D’autres points à évoquer ?
On pourrait aussi citer la fin du chantier de la
Médiathèque. Mais je voudrais surtout conclure en
rappelant les différents efforts de soutien aux communes.
Qu’il s’agisse de la Dotation de solidarité
communale (DSC) ou des aides à l’investissement des
communes (fonds de concours) – deux formes de soutien
garanties par des règlements clairs et justes pour tout le
monde -, voilà des dispositifs volontaristes
d’accompagnement qui vont dans le sens d’une
redistribution justifiée aux communes et dans la logique
d’aménagement de l’ensemble du territoire.